Celui qui disait : « Ce n’est qu’un au revoir… »

Aujourd’hui, 30 juillet, marque la fin d’une ère, celle de notre passage au pays des khmers mais nous y reviendrons…

Retour à mi-juin,

 Après le passage de notre dernier visiteur en la personne de Christophe, cousin de Magali et donc le mien par alliance, nous avons vécu avec plaisir les dernières semaines  de cours en compagnie de nos 31 étudiants en pension à Banteay Chmar. Les parties de football et autres activités ludiques se sont multipliées en raison de la grande générosité de l’emploi du temps imposé par l’école, de 0 à 1h de classe par jour…Cela nous a donc laissé le temps de bien préparer l’année prochaine et d’orienter le mieux possible nos élèves. Examens et entretiens se sont succédés. Et pour notre plus grand plaisir, quelques élèves ont su tirer leur épingle du jeu en intégrant le centre scolaire EDM (« d’élites ») de Sisophon, aux côtés de Martin, notre directeur Cambodge. Ils continuent ainsi à gravir quelques marches sur l’échelle de l’éducation et du savoir.

Samboeun ainsi qu’Hel Neng, issues de nos foyers, représenteront la gente féminine. Pour les garçons, ce seront Voeur Vouy et Ann Poi. Ces noms ne vous disent évidemment pas grand-chose mais pour nous ce sont désormais des visages, des tempéraments et surtout des « enfants » ayant bien leur place dans nos cœurs. Les mettre sur les pages de notre blog, c’est un peu les mettre à l’honneur et surtout nous permettre de ne pas les oublier.

Le 30 juin fut l’au revoir aux enfants. Quelques 9 mois après avoir fait leur connaissance, partager avec eux des sourires, des coups de gueules, des rires et des pleurs, après avoir déjeuner et dîner à la table commune, appris à se connaître et su apprivoiser deux cultures si différentes, ils étaient déjà partis …..Avec pour ultime rendez vous après-demain, le samedi 31 juillet pour notre fête de départ et non d’adieu car nous reviendrons à Banteay Chmar, c’est sûr…

Mois de juillet, mois du voyage, de la famille et de la découverte du pays d’Origine, le Vietnam.

Nous avons eu le plaisir de retrouver Gaët et Sarah début Juillet devant les portes du centre de Banteay Chmar donnant ainsi le top départ de 3 semaines de vacances (oui, oui amplement méritées !!). Nous avons démarré ensemble par Angkor et ses temples, où Magali et moi les avons lâchement abandonnés car oui, on les connaît déjà ! S’en est suivi 12h de car bien éprouvant jusqu’à Ho Chi Minh où notre family trip a pu réellement prendre toute sa mesure.

Le Vietnam,

Rien de ce qui nous aura été conté avant notre arrivée ne fut confirmé … Entendez par là qu’il faut toujours se fier à ses propres yeux et oreilles plutôt qu’à ceux des autres car le Vietnam est…magique. Il faut dire qu’on avait un avantage certain, nous passions inaperçus…Teint jaune, les yeux plissés sans effort, la chevelure corbeau, les vietnamiens purs souches n’y ont vu que du feu et nous ont épargné les habituels assauts réservés au flot touristique. Seule, de temps en temps, une blondinette nous trahissait par ses commentaires soudains, attirant du même coup les regards des fiers guerriers sur leurs montures de fer et d’acier, les cyclos-pousses …

Si le peuple cambodgien possède le plus beau sourire d’accueil, le Vietnam n’a rien à envier du côté des paysages. En effet, relier Hué et Hoi An dans sa légendaire micheline à diesel, faites 600km en voiture de Hoi An à Na Trang, embarquez dans un car et grimpez jusqu’à Dalat et ses montagnes, vous y découvrirez une multitude de paysages différents : la plaine et ses rizières verdoyantes, le bord de mer sauvage et inhabité, les plantations du célèbre café vietnamien, aussi fort mais plus chocolaté que l’expresso italien. Une seule déception à ce voyage magique, la nourriture, elle ne vaut pas celle de notre grand-mère maternelle, ni celle de maman qui savent y ajouter des saveurs reconnues et appréciées des seuls Fradin.

Pendant ces 3 semaines de voyage, nous nous rappellerons de l’excellente ambiance qu’il y a eu entre nous, la volonté obsessionnelle de rapporter LA photo de l’année et qu’on soumettait à plusieurs reprises à l’expression : « J’ai pris un Pulitzer ! », la Saigon Beer ou la 333 qui nous accompagna durant nos haltes, les rencontres avec des vietnamiens adorables, qui contre toute attente maîtrisaient admirablement la langue de Shakespeare et de Molière. Rappelons à notre bon souvenir, HUNG qui poussa la chansonnette a capella sur « Cherry Cherry Lady » ou « You’re my heart, you’re my soul»,  ou encore  LIN à Hué et TIM à Ho Chi Minh qui nous conseillèrent merveilleusement, bref…beaucoup de rencontres…

 

Enfin, nous ne devons pas oublier ce qui était un des objectifs officiels du voyage, à savoir la découverte de la maison de notre grand-mère à Dalat ; où elle vécut jusqu’à en être chassée par les Vietminh. Nous avions seulement une photo, une description de la rue et nous voilà parties  au hasard  dans Dalat à la recherche de cette villa française. La chance nous a sourit puisque nous sommes « tombés dessus » au 31 de la rue Tran Hung Dao…Elle avait l’air inoccupé et la tentation était grande d’y rentrer par effraction afin de connaître les lieux. Finalement, nous avons simplement demandé à l’hotel-resort d’en face, s’ils connaissaient les propriétaires et encore une fois, nous avons tiré la bonne carte.

Il s’avère que la villa de notre grand-mère appartient depuis 50 ans au gouvernement vietnamien et que depuis quelques années  ce dernier  sous loue « notre » villa à un resort qui en a fait une location à la nuit ou à la semaine. L’hôtesse nous a permis d’y entrer et de la visiter de la cave au grenier : que d’émotions en imaginant notre grand-mère y vivre à la belle époque franco-vietnamienne.

Retour au Cambodge : petit bilan,

Nous y vivons nos derniers instants au moment où nous mettons en ligne ces quelques mots. Il sera compliqué à notre retour d’en faire le tour et de pouvoir répondre à vos questions avec toutes les émotions que cela devrait impliquer. D’avance pardon si nous donnons l’impression de ne pas vouloir partager, de paraître vague et simpliste…Il faudrait du temps et du papier pour mettre nos idées et sentiments au clair. Cependant, voici ce que nous pouvons commencer à dire…

On le sait tous, le voyage ouvre les yeux et le cœur sur des paysages, des visages, des coutumes et des traditions différentes, c’est ce qui rend le tourisme si excitant et que chaque année, nous y consacrons, Magali et moi, beaucoup de temps et d’argent… Eh bien, imaginez que votre séjour ne soit ni restreint par des dates ni par un coût, que vos seuls objectifs soient de prendre part à la vie de vos hôtes, de vous y mélanger, d’apprendre à parler et manger comme eux, d’essayer de comprendre quels sont leurs priorités, leurs goûts et leurs envies, et enfin de vous faire accepter. En effet, à l’aube de notre départ il y a un an, nous imaginions autrement notre mission. Malgré tous les conseils et recommandations de notre ONG, nous avions néanmoins notre propre point de vue sur notre engagement, ce que nous voulions recevoir, ce que nous étions prêts à donner …

Vous l’avez compris, nous étions dans l’erreur, en partie du moins. Oui, nous avons donné un peu de notre temps, un peu de notre vie à l’occidentale, mais nous n’avions pas imaginé ce que nous allions recevoir en échange. Vivre avec un peuple différent comme les khmers vous transforment profondément. Nous avons appris l’humilité d’une communauté fière d’un passé grandiose mais déçue par sa récente histoire, le courage d’un peuple qui se lève à l’aurore pour aller aux rizières, le dévouement d’un grand frère ou d’une grande sœur qui veillera les plus petits car les parents sont partis, la tristesse du regard d’une mère qui  voit son enfant malade, la joie d’un père qui voit son fils accepté comme filleul, le fatalisme plus difficile à comprendre de certaines familles. Nous avons partagé les rires des enfants courant derrière les grenouilles lors de la saison des pluies ou jouant au foot sous un rideau de pluie…Les exemples et les images dans la tête sont innombrables, elles sont autant d’étincelles de vie pour le futur !

C’est sûr, l’expérience vaut le coup et nous la conseillons à tout un chacun, vous ne vivrez rien de comparable. N’attendez rien, ne croyez pas que vous changerez le monde ou même simplement la vie des plus pauvres que vous côtoierez car ils ont plus à donner que vous n’avez de place pour recevoir. Vous serez de passage dans leur vie alors qu’ils resteront dans la vôtre pour toujours, c’est un peu le prix de votre don gratuit. Vivre ensuite, vivre après cela, retrouver un quotidien qui fait peur, c’est le défi majeur une fois goûté le miel du cœur humain ; car ici, lorsqu’on est bambou, rien ne compte plus que le sourire d’un enfant.

Bienvenue aux nouveaux volontaires Magali et Grégory, que leur année soit aussi riche que la nôtre. Prochaine étape, les retrouvailles…Vous nous avez manqué, nous sommes fin prêts à nous lancer dans cette nouvelle étape. Le Cambodge fut le meilleur des choix, une année inoubliable qui nous propulse maintenant à un autre niveau de partage avec notre prochain.

Vive le Cambodge, Vive le Vietnam, Vive la France, et Vive la Belgique J ! Et merci EDM de nous avoir donné la chance de vivre cela.

Noah et Magali COURTIAL, volontaires EDM à Banteay Chmar, Juillet 2009-Août 2010

PS: N'oubliez pas l'album photo "Vietnam 2010" à regarder absolument !